Adam Kudlak
Histoire de l'artiste
Je fabrique des outils. Je les fabrique parce qu’il y a si peu de gens dans la collectivité qui ont choisi d’apprendre à fabriquer leurs propres outils. Je le fais aussi en hommage à mon père et à mes ancêtres, et pour que les enfants des générations futures puissent dire : « J’ai regardé mon père fabriquer ces outils », comme je le dis à propos de mon propre père.
J’ai d’ailleurs fabriqué un ulu exposé au British Museum – ce qui me rend très fier –, mais je suis encore plus fier de savoir que certaines de mes créations sont utilisées de manière quotidienne. Je produis des outils fonctionnels : ulus, haviks et autres ciseaux à sculpture, lances et traîneaux suivant les méthodes traditionnelles de mes ancêtres. Je crée également des objets décoratifs, comme des horloges murales illustrant des outils et des paysages locaux. Les outils, en particulier les ulus, sont très populaires, mais je ne suis pas motivé par l’appât du gain. Je me soucie de la qualité et de l’ergonomie, je passe donc beaucoup de temps à travailler chacune de mes créations. Ma plus grande difficulté est d’en faire assez.
J’habite Ulukhaktok, qui signifie « l’endroit où se trouvent les pièces d’ulu ». Mon travail s’inscrit dans une tradition très, très ancienne. La pierre ici est très dure et coupante, plus encore que tout couteau de fabrication humaine, même les scalpels chirurgicaux. Les terres ancestrales constituent ma principale influence.
Dans notre culture, tout objet ou artefact a un esprit, et c’est l’esprit de l’objet qui communique avec une personne. Je reconnais une bonne pierre ou une bonne matière première quand je la vois : lorsqu’elle est prête, elle me trouve.