
Lena Moosenose
Histoire de l'artiste
Lorsque j’avais dix ans, ma famille habitait les terres ancestrales près de Whati. Un jour où ma mère faisait de la couture, je lui ai demandé où je pourrais me procurer des perles. Elle m’a répondu de commencer par tailler des empeignes avant de commencer le perlage. À l’époque, il n’y avait pas de magasin où l’on pouvait acheter des perles; ma mère m’a alors dit de défaire le perlage d’autres empeignes, de nettoyer les perles, et de les utiliser à nouveau. J’ai de nombreux souvenirs de l’époque où je m’assoyais près du poêle pour profiter de sa lumière et m’exercer à la couture.
Aujourd’hui, je produis de nombreux articles différents en peaux d’animaux, et les décore avec du perlage ou de la broderie. Je tanne mes propres peaux avant d’y découper manteaux, gants, vestes – sans oublier les traditionnels mocassins –, et de les assembler. J’aime aussi fabriquer des bottes en peau de caribou et des mocassins pour les tout-petits, sans oublier les ceintures à bébé et les porte-bébés. Je n’arrête pas de penser à mon ouvrage tant qu’il n’est pas terminé. Si je sors marcher, je n’arrête pas de me dire que je devrais rentrer à la maison pour terminer mon travail! Je pense toujours à créer de l’art.
J’aime aussi enseigner la couture pour garantir que nous ne perdions pas nos traditions : j’enseigne à deux jeunes filles de huit et neuf ans qui viennent chez moi les vendredis ou samedis soir travailler à leurs propres créations. Je leur enseigne dans ma langue – qu’elles comprennent –, bien qu’elles parlent anglais. Avec les langues comme avec la couture, il faut constamment s’exercer pour ne pas perdre la main.