Chaque œuvre de Touffetage a une Histoire à Raconter

Aux Territoires du Nord-Ouest (TNO), la faune est exploitée de manière durable et tout est utilisé. Les objets d’art et d’artisanat fabriqués de façon traditionnelle donnent un bon aperçu de notre histoire et permettent de protéger les riches cultures autochtones des TNO. Cet héritage est bien visible dans les oeuvres présentées par l’artiste.

De nos jours, il est de plus en plus difficile de trouver des objets d’art faits à la main à partir de matériaux préparés de façon traditionnelle, ce qui se ressent dans leur prix sur le marché.

Le touffetage est une technique qui consiste à coudre des touffes de poils d’orignal préalablement sélectionnées sur une peau tannée ou de l’écorce de bouleau, et à les tailler pour produire des images en trois dimensions. Cet art demande énormément de minutie, de patience et une main ferme et sûre.

Bien que le retordage de poils d’orignal et de caribou soit un ancien art athapascan antérieur au contact avec les Européens, les premiers exemples d’œuvres de touffetage dénées documentés datent des années 1920 et 1930. Inspirée par une sœur du pensionnat qui pratiquait le « point de gayant » avec de la laine, Mme Boniface Lafferte (Lafferty), une métisse de la région de Fort Simpson, a affiné l’art du touffetage en reproduisant cette technique avec des poils d’orignal. À présent, on trouve cette forme d’art transmise de génération en génération dans des régions de tout le territoire. 

Préparation des poils

Les poils d’orignal sont le matériau privilégié pour le touffetage en raison de leur raideur, mais on trouve aussi souvent des poils de barbe de caribou. Les poils blancs sont arrachés à la main dans la zone des épaules et de la croupe de la peau d’orignal, en général au moment de la préparation pour le tannage. Parmi les personnes qui pratiquent le touffetage, nombreuses sont celles qui trouvent qu’il est plus pénible de travailler avec du poil de caribou, beaucoup plus fin, plus court, et difficile à teindre. C’est pourquoi il est plus rare de trouver ce type de touffetage sur le marché aujourd’hui.

On trie les poils selon leur grosseur, leur longueur et leur couleur, puis on les lave et on les fait tremper en préparation de la teinture. On peut les attacher ensemble pour en faire des touffes et les plonger dans la teinture, ou les teindre individuellement en les mettant en vrac dans le récipient. Les teintures traditionnelles étaient faites à partir de racines, de lichens, de fleurs, d’écorce et de diverses variétés de petits fruits récoltés dans la nature. De nos jours, on utilise le plus souvent des colorants commerciaux en poudre et du papier crépon qui produisent des couleurs vives. On peut aussi laisser leur couleur naturelle aux poils pour rappeler la nature.

On pratique habituellement le touffetage sur de la peau tannée ou du velours renforcé d’une toile. On dessine le motif à main levée à l’aide d’un crayon, d’un morceau d’os ou d’un petit bâton que l’on trempe dans un mélange de farine et d’eau. Chaque motif est donc différent. On trouve traditionnellement des représentations de fleurs, de feuilles et d’oiseaux dans les régions de Fort Liard et de Fort Simpson.

Pour créer les touffes, on forme de petits paquets avec 15 à 20 poils de même couleur et de même taille, et on les dispose sur le matériau de renfort d’envers. On passe alors un fil vers le haut à travers le renfort d’envers, autour du paquet de poils à environ 0,6 cm de son extrémité, et de nouveau à travers le renfort d’envers. On serre bien le fil pour redresser le paquet de poils et former une touffe, et on fait un nœud. On coupe les poils et on recommence jusqu’à recouvrir complètement la zone souhaitée. Les touffes sont placées très près les unes des autres pour ne laisser aucun espace visible entre elles, puis on en taille l’extrémité jusqu’à obtention de la forme désirée. Les poils triés casseront s’ils sèchent pendant le processus de couture. Pour qu’ils restent humides, on les prend dans la bouche ou on les enroule dans un linge humide.

Dessin au trait

On associe souvent une autre technique appelée « dessin au trait » au touffetage pour créer des bordures et des tiges. Pour faire un trait, on regroupe environ six poils que l’on attache ensemble sur l’envers en les cousant en diagonale à espaces réguliers. Avant de serrer les points, on applique une légère torsion aux poils pour donner un effet perlé.

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