Tannage de peaux d’animaux

Les objets d’art et d’artisanat fabriqués de façon traditionnelle donnent un bon aperçu de notre histoire et permettent de protéger les riches cultures autochtones des Territoires du Nord-Ouest (TNO). Cet héritage est bien visible dans les oeuvres présentées par l’artiste.

De nos jours, il est de plus en plus difficile de trouver des objets d’art faits à la main à partir de matériaux préparés de façon traditionnelle, ce qui se ressent dans leur niveau de prix sur le marché.

Les groupes autochtones du Nord canadien utilisent la peau tannée à la façon traditionnelle pour leur survie depuis des siècles. Ce matériau unique solide, durable, léger et chaud est idéal pour la confection de vêtements, d’articles de literie et de chaussures adaptés à la vie dans l’Arctique.

Préparation de la peau

Les peaux les plus couramment utilisées pour le tannage sont celles d’orignal et de caribou. La peau des caribous chassés à l’automne est idéale, car elle est épaisse et le pelage n’est pas trop long. Les peaux d’orignal récoltées au printemps et en été sont plus adaptées au tannage que celles récoltées en hiver, très épaisses et difficiles à assouplir.

Il est préférable de tanner des peaux vertes. Si une peau doit être conservée pendant un certain temps avant d’être tannée, il faut la saler, la rouler dans de la sciure de bois, et la conserver dans un endroit frais, voire la congeler.

Tout d’abord, on fait tremper la peau pendant trois jours pour ramollir la chair et les poils et faciliter leur retrait. On l’étend ensuite sur un rondin et on retire la chair et les poils de l’animal à l’aide d’un couteau. Cette opération est réalisée lorsque la peau est mouillée car elle est plus facile à travailler. On perce des trous sur le bord extérieur de la peau, et on l’attache à un cadre pour l’étirer et la faire sécher pendant quelques jours. Traditionnellement, on extrait des huiles émulsionnées du cerveau de l’animal, mais on peut aussi utiliser des œufs ou un mélange de savon et d’huile. L’utilisation des huiles du cerveau est idéale pour la fabrication de vêtements, de sacs, de broderie perlée et de toute sorte de produits traditionnels.

Lorsque la peau est sèche, le processus d’assouplissement peut commencer. À l’aide d’un écharnoir que l’on tient à deux mains, on gratte la peau du côté de la chair par saccades franches vers le bas. Cette opération prend généralement deux jours. On retourne ensuite la peau et on retire les derniers poils et follicules pileux en raclant à l’aide d’une planche plate et lisse. Le travail de raclage et d’étirage de la peau se poursuit jusqu’à ce qu’elle atteigne une épaisseur égale d’environ deux millimètres. Plus on la racle et on la travaille, plus elle devient souple.

L’étape suivante consiste à retirer la peau du cadre et à la rincer jusqu’à ce qu’elle soit propre. Ensuite, on l’essore et on l’ouvre pour faire disparaître les plis. L’idéal est de travailler à deux, car une peau imbibée d’eau peut peser plus de 45 kg. On étend de nouveau la peau sur le cadre pour la faire sécher.

La dernière étape de la préparation de la peau consiste à la fumer, à la faire tremper et à l’étirer. On assemble des rondins en forme de tipi et on y étend la peau. On fait ensuite un feu à l’intérieur du tipi à l’aide de bois d’épinette pourri. Une fois fumée d’un côté, on retourne la peau, que l’on fume également. Il faut environ une demi-journée pour fumer un côté d’une peau. On la fait ensuite tremper dans une solution savonneuse. Puis, la peau est essorée et étirée, et on la racle pendant qu’elle sèche. On répète ces étapes jusqu’à ce que la peau soit très souple. En s’assouplissant, elle devient duveteuse.

Tannage par fumage

La plupart des peaux tannées à la façon traditionnelle aux Territoires du Nord-Ouest sont ensuite fumées. Pour ce faire, on coud les bords de la peau ensemble, ainsi qu’un vieux linge en toile tout autour de la partie inférieure, pour éviter qu’elle ne touche le sol. On passe une corde par les trous percés le long de la partie supérieure afin de maintenir la peau au-dessus des braises. Cette dernière pend ainsi jusqu’au sol, formant une structure étanche à l’air autour du feu fumant. Les braises doivent être très chaudes pour produire de la fumée, mais pas de flamme. La fumée provenant du bois pourri mélangée à des pommes de pin sèches donne à la peau une couleur brun-roux. Si on utilise uniquement du bois pourri, la peau prend une couleur ambrée.

Il faut quatre à cinq heures pour que la peau obtienne la couleur souhaitée. Lorsqu’elle est suffisamment fumée, on la décroche. Sans la déplier, on la roule et on la laisse ainsi reposer pendant une nuit de manière à ce qu’elle absorbe plus de fumée. Le lendemain matin, on découd les bords de la peau et on l’étend à l’extérieur pour libérer la fumée.

La peau peut maintenant être utilisée pour fabriquer des vêtements décorés de perles aux couleurs vives ou agrémentés d’une magnifique fourrure ténoise.